HISTOIRE GÉNÉRALE DE FRANCONVILLE-LA-GARENNE


Franconville est une des rares communes valmorencéennes à ne pas avoir vu sa superficie modifiée au cours des âges1. Son territoire couvre 619 hectares. Le village se construit essentiellement autour de l’axe de communication menant de Paris à la Normandie, route parallèle au sud de l’ancienne voie romaine, dite Chaussée Jules César2. Cette route, appelée par la suite le chemin ferré, forme la limite de Franconville et de Plessis-Bouchard3. L’abandon de cette voie antique, au profit d’un nouvel itinéraire, plus au sud, par Épinay et Sannois (RN 14), accroîtra l’importance du village de Franconville avant le XIIIe siècle.Ce positionnement géographique ne sera pas de tout repos tout au long des âges : trafic routier intense en période de paix, ravages et désolation en temps de guerre ou d’insécurité.

La forêt couvre une grande partie des buttes-témoins du Parisis, dites d’Orgemont-Sannois-Cormeilles-en-Parisis. Elle est progressivement défrichée au cours des âges, mais elle représente encore de nos jours 55 hectares sur Franconville.


Une présence humaine dès la préhistoire

C’est au cours du Ve millénaire avant notre ère que le Néolithique atteint les régions occupées par les groupes tardenoisiens qui conservent cependant leurs traditions de chasseurs collecteurs et l’essentiel de leur équipement lithique. Il naît alors de nouveaux rapports entre l’homme et le milieu naturel. L’homme contrôle et développe ses sources de nourriture par l’élevage et l’agriculture, ce qui permet sa sédentarisation : c’est la révolution néolithique.

En dehors des découvertes importantes, anciennes ou plus récentes, de Cormeilles-en-Parisis (du Rubané récent, vers - 4 500 ans av. J. C.), d’Herblay (culture de Cerny, vers 4 400 à 4 100 ans av. J. C.) et de Montigny-lès-Cormeilles (Chasséen du Bassin parisien) et des monuments mégalithiques (sépultures collectives ou dolmens) de la civilisation Seine-Oise-Marne (2 500 à 1 700 ans av. J. C.) nous ne possédons que peu de données sur les lieux de vie et d’habitat de ces hommes du Néolithique ancien à final4.

D’autres sites néolithiques existent bien en vallée de Montmorency, mais les découvertes isolées qui s’y rattachent sont malheureusement trop peu publiées. Signalons toutefois, à Franconville, une hache polie chalcolithique, en roche verte d’importation, découverte en 1974 au lieu-dit « La Côte Saint-Marc », rue du Chemin-Vert, une hache polie en grès lustré au tranchant cassé, au lieu-dit « Le Paradis » découverte en 19635, enfin, une grande hache polie en silex gris-clair à beige (long. 25,5 x larg. 6 x épr. 3,5 cm, poids 710 g.) découverte en 1980, lors de la construction d’un pavillon, rue des Pommiers-Saulniers, près du centre-ville et de la gare de Franconville.

Cette présence néolithique se manifeste aussi bien dans la vallée de Montmorency que sur les coteaux des buttes témoins et forêts de Cormeilles et de Montmorency mais l’implantation des habitats demeure actuellement peu représentée dans le Parisis6.


L’origine du nom

Elle paraît au premier abord facile à expliquer : Francorum villa7, en bas latin, signifie le domaine des Francs8. Le seul problème est qu’il n’est pas possible d’attester l’existence d’un peuplement franc sur le territoire actuel de Franconville. Pendant longtemps, suivant en cela les affirmations de l’abbé Lebeuf, on a daté le premier habitat notable sur le territoire de Franconville d’après une charte de 832, signée d’Hilduin, abbé de Saint-Denis, car Franconville était comme Ermont domaine dionysien.

Mais en 1964, l’historien André Vaquier a démontré qu’il s’agissait d’une Francorum villa implantée dans la forêt de Carnelle, au nord du département du Val d’Oise9, où se trouve le château de Franconville-aux-Bois (commune de Saint-Martin-du-Tertre), lequel a succédé à un ancien habitat du haut Moyen Âge, où l’abbaye bénédictine de Saint-Denis possédait de nombreux biens.

Il faut attendre l’année 1137 pour que soit attesté, dans les écrits de Suger, abbé de Saint-Denis, le nom de Francorum villa, terroir situé cette fois-ci dans le pagus parisiensis, le Parisis, dont la Vallée de Montmorency constituera un des territoires. C’est pour différencier le Franconville valmorencéen de celui de Saint-Martin-du-Tertre que lui a été accolé le suffixe de la Garenne, probablement en raison des enclos boisés abritant les lièvres, que seul le Prince avait le droit de chasser, et qui portaient cette dénomination. La première mention connue de Franconville-la-Garenne date de l’aveu de Perrenelle de Villiers-Adam, dame de Montmorency, en 1382.


Des histoires d’eau

Le dénivellement important du terroir (l’altitude varie entre 167 et 54 mètres) a favorisé l’apparition de sources et de petits ruisseaux. L’eau de Franconville, encore commercialisée aujourd’hui, provient d’une source d’émergence naturelle. Les principaux rus, issus de ruissellements naturels, sont situés au niveau du bois des Éboulures (55 hectares actuellement classés), vers l’actuel Beauchamp : ils se perdent en mares (la mare aux Renards) et marécages au fond de la vallée. Le ru des Espérances, quant à lui, après avoir traversé Franconville d’ouest en est, puis les villages d’Ermont et de Saint-Gratien, se jette dans l’étang qui deviendra le lac d’Enghien à la fin du XIXe siècle. Le ru de la Pierre du Gué se franchit à pied sur des pierres. En fait, l’eau ruisselle de partout :

« Le sol est en grande partie argileux sur le coteau. La couche d’argile s’étend aussi dans la vallée. Dans certains endroits, elle est recouverte d’une certaine épaisseur de sable et constitue alors le sous-sol. Il en résulte que le terrain est imperméable. Lorsque les pluies sont abondantes10, la couche d’argile s’opposant à l’infiltration des eaux, celles-ci s’accumulent en nappes quelquefois considérables, qui recouvrent le sol pendant plusieurs semaines »11.

Cette omniprésence de l’eau n’a pas empêché Franconville de ne disposer pendant des siècles que d’une seule fontaine, celle dite des Boulangers.

Le cours des rus peut parfois provoquer des querelles de clochers. C’est ce qui s’est produit pendant quatre ans entre les communes de Cormeilles et de Franconville, entre 1802 et 1806. Laissons l’instituteur de Franconville narrer l’épisode (en 1899) :

« En 1802, les habitants de cette commune (Cormeilles), après la construction du chemin qui descend de Cormeilles à la Maison Rouge eurent la prétention de faire écouler par le chemin des Bûcherets les eaux descendant de la colline par le Grand Chemin et par la voie d’Argenteuil. Un officier municipal de Cormeilles accompagné de quatre gardes-champêtres, la hallebarde à la main, vint un jour faire entasser des matériaux à la rencontre du Grand Chemin et du chemin des Bûcherets pour faire entrer les eaux dans ce dernier. Il en résulta que celui-ci fut raviné. Les terres voisines et même des maisons de Franconville furent inondées et ensablées. Un procès fut alors intenté par la commune de Franconville à celle de Cormeilles. Il ne se termina qu’en 1806. Les habitants de Cormeilles durent enlever les matériaux qu’ils avaient amoncelés, réparer le chemin des Bûcherets et renoncer à leur prétention de faire écouler par cette voie les eaux de la colline »12.

L’hostilité entre ces deux communes n’en reste pas là. Pendant une trentaine d’années, entre 1791 et 1820, une centaine de jeunes de Cormeilles viennent rituellement narguer ceux de Franconville « avec tambour et violons en tête », ce qui ne manque pas de déboucher sur des rixes, que la maréchaussée est obligée d’interrompre.

L’eau des rus ou des sources, au cours de l’histoire, vient approvisionner tel ou tel plan d’eau édifié par un grand propriétaire. Citons le bassin, aujourd’hui disparu, construit par le comte d’Albon au sommet de son parc (cf. ci-après), ainsi que les plans d’eau aménagés dans les jardins de Cadet de Vaux et de Velut de la Crosnière (encore visibles aujourd’hui).

L’histoire de l’eau de Franconville se poursuit jusqu’à nos jours, puisque une source est exploitée de manière industrielle depuis 1948. D'abord appelée Source Saint-Marc en raison de son implantation dans ce quartier, elle est conditionnée en bouteilles de verre et prend en 1957 l’appellation d’Arline. En 1968, la marque se diversifie avec des produits gazéifiés, dont la production cesse dès 1970. À la fin du XXe siècle, l'établissement est racheté par le groupe Eau de France Cristaline.


Une double suzeraineté

Franconville est le théâtre par excellence de l’affrontement qui a opposé du XIe au XIVe siècle la famille des Montmorency13 et l’abbaye de Saint-Denis14. Celle-ci, dès sa fondation, a cherché à étendre son emprise sur l’ensemble du pagus parisiensis. Franconville constitue une terre privilégiée d’acquisition de terroirs fertiles par achats successifs, échanges, donations et libéralités royales, au point que le domaine appartenant aux moines prend le nom de Clos Saint-Denis. Franconville est rattachée à cette époque à la juridiction de Cormeilles. L’abbé Suger, en particulier, s’emploie à agrandir ce territoire :

« L'Abbé Suger parle plusieurs fois dans ses ouvrages de Franconville du Diocèse de Paris. Il dit premièrement dans le livre qu'il composa sur son administration de l'Abbaye, qu'il avoit augmenté le nouveau revenu de cette terre de quarante sols de rente, & l'ancien aussi de pareille somme, outre le revenu du fief. L'autre endroit où il en parle, est son testament, dans lequel il marque d'où l'on tirera le revenu pour ses fondations, & il assigne entre autres vingt sols à lever sur la terre de Francorum villa. On a aussi de cet Abbé une charte par laquelle il donne à quatre Marguilliers clercs de son Eglise une dixme qu'il dit y avoir achetée de Payen de Gisors15, parce qu'elle étoit du fief de l'Abbaye »16

Mais l’abbaye se heurte de plus en plus à l’appétit des seigneurs de Montmorency, qui réussissent, au cours des âges, à prendre le pas sur les moines dans ce qui est devenu la châtellenie de Montmorency. Au XIII-XIVe siècle, cependant, l’abbaye de Saint-Denis se préoccupe de conserver de rares îlots qu’elle possède encore dans le ressort valmorencéen. À défaut de seigneurie foncière, elle conserve une suzeraineté qui ne l’exclut pas totalement de ce qui compose l’arrière-pays de son castrum de Saint-Denis. Essentiellement cantonnée à Franconville, l’abbaye renforce sa position en ce lieu, où elle achète, en 1286, une pièce de vigne et en 1313, des cens et des vignes. Sur un plan féodal, Franconville reste donc un fief dionysien. En 1222 (n.st.), Guillaume Bateste se dit homme-lige de Saint-Denis pour sa maison de Franconville et ses dépendances. Plus tard, en 1287, l’aveu est présenté de la façon suivante : « Franconville est le domaine que le sire de Franconville doit tenir en fief de l’abbaye de Saint-Denis »17.

La double vassalité des seigneurs de Franconville entraîne parfois des différends qui nécessitent l’arbitrage du Conseil du roi.

« Ces mêmes Religieux eurent quelques années après de grosses plaintes à faire contre Matthieu de Montmorency ; ils allèrent trouver le Roy Philippe-Auguste à Gisors l'an 1218. Entre autres choses qu'ils exposèrent à ce Prince et ils se plaignirent de ce qu'il vexoit si sort leurs hôtes de Franconville, qu'il ne permettoit pas qu'ils transportassent le fumier qu'ils ramassoient devant leurs maisons sans lui payer une amende ; de ce qu'il ne vouloit pas souffrir que les Religieux eussent leur droit de corvée de ceux qui habitoient dans les maisons nouvellement bâties dans ce lieu comme ils l'avoient de ceux qui logeoient dans les anciennes. Ils demandèrent que le four qu'il avoit fait construire à Franconville fut abbattu, parce qu'il portoit préjudice au leur, & qu'il étoit bâti dans une maison qui leur devoit corvées, & droit de gite à l'Abbé, &c. Enfin ils supplièrent le Roy de faire cesser le droit appellé Rotagium18 qu'il levoit depuis peu sur la chaussée devant les maisons de leurs hôtes. Le Prince n'ayant voulu rien régler au sujet de ces différents, les parties mirent cette affaire en arbitrage l'année ci-dessus marquée ; mais nous ignorons ce qui fut décidé. Il y a apparence que les choses restèrent dans leur ancien état. Quoiqu'il en soit, un autre Matthieu de Montmorency descendu de celui-cy & Chambellan de France, regardoit en 1293 les habitans, qu'il avoit à Franconville, comme faisant partie de la gens de leur Terre de Montmorency »19.


L’ensemble féodal primitif

Les recherches d’André Vaquier sur les premières implantations du village et de l’ensemble féodal lui ont permis de fournir les conclusions suivantes :

« Le premier habitat de Franconville se situait rue de Cormeilles, une rue en pente douce descendant de la colline pour aller rejoindre la route de Pontoise. Là s’étaient édifiées quelques masures, loin des marécages et à l’abri des inondations, et en même temps qu’à l’autre bout du pays les moines de Saint-Denis parachevaient leur clos, le premier seigneur connu de Franconville, un nommé Fouquet Bateste, s’installait rue de Cormeilles, y constituant un domaine connu sous le nom de clos Bateste et élargissait son manoir au coin de cette rue et de la route de Pontoise. Pour protéger ses terres contre les érosions et les éboulements favorisés par cette rue en pente, un mur tout au long du clos Bateste avait été construit. Il restait de ce manoir encore dernièrement (1971) une cave voûtée d’arêtes pouvant dater de la fin du XIVe siècle ou du début du XVe siècle »20.

Plus tard, des sondages archéologiques et un relevé, réalisés le 16 octobre 1967 par la section d’Ermont de la Jeunesse Préhistorique et Géologique de France, sous la conduite de Gérard Ducoeur ont confirmé la datation de ce cellier quadrangulaire (4,50 x 4,40 m, et de 1,80 m de hauteur maximum sous voûtes par rapport au sol actuel) : son soubassement était construit en gros appareil de grès de Beauchamp, à quatre voûtes d’arêtes et quatre arcs doubleaux (largeur 35 cm) retombant sur un pilier central carré, cruciforme, (50 x 50 cm). La partie supérieure était en pierre meulière liée et enduite au plâtre. Elle possédait quatre niches en ogives (de 1,68 m de largeur et 50 cm de profondeur), orientées sur la longueur du cellier, une entrée (1,12 m de largeur) en boyau et sas, avec escalier d’accès, un soupirail incliné pour l’aération. Un second caveau mitoyen, plus petit, et quatre celliers adjacents, donnaient sur une cour centrale. L’ensemble pouvait appartenir à une ancienne hôtellerie, peut-être celle du manoir médiéval décrite dans les textes21.

D’après les recherches d’André Vaquier, l’église primitive, se situait rue de Cormeilles,

« Au devant de son enclos et en plein milieu de la rue de Cormeilles, ce Bateste avait fait construire la première église de Franconville dans laquelle il fut enterré en 120022 ».

Elle était dédiée à sainte Madeleine, dont le culte s’était répandu au XIIe siècle, par suite de la vogue du pèlerinage à Vézelay, et à saint Flaive, présomption d’une distraction de la paroisse d’Ermont, confirmée par la collation épiscopale maintenue dans les deux cas23. qu’elle aurait partagé avec Ermont, dont la nécropole mérovingienne et l’église carolingienne24 indiquent bien l’antériorité25. Elle était devenue grange au XVe siècle. Il s’agissait de la grange « Coffigniez »26, localisée à côté du manoir seigneurial des Bateste. Sa superficie était de 14,25 m x 7,10 m à l’intérieur. Elle possédait trois colonnes et chapiteaux du XIIIe siècle, en calcaire lutétien, à décor de feuilles d’eau27, typique de cette période.

Par ailleurs, la chapelle dédiée à Saint-Marc, située 371 rue du Général-Leclerc (ancien Chemin de Pontoise) a fait, à l’origine, partie de la léproserie de Franconville, signalée dès 1229, dont l’important domaine sera affecté à l’hôpital d’Argenteuil en 1693 (cf. ci-après).





Les premiers seigneurs de Franconville

Le premier maire connu la communauté villageoise est Philippe de Franconville († c. 1225). Il a trois enfants, dont un fils clerc (Adam) et une fille moniale à Malnoue28 (Mabille). Le troisième, Raoul Ier est chevalier, seigneur de Franconville († c. 1255). Il épouse Agnès de Senlis, qui lui donne deux enfants :

- Raoul II, chevalier, seigneur de Franconville, mort vers 1290 sans postérité.

- Isabelle de Franconville, qui épouse Guillaume II Bateste, fils de Guillaume Ier, maire de Cormeilles († c. 1210), et de Marguerite de Montmorency Saint-Denis (date de naissance inconnue, †1186). Celle-ci a apporté en dot le maréchalat qu’elle tenait de son père, Gautier 1er de Saint-Denis, comprenant, entre autres, les terres de Franconville29.

La seigneurie de Franconville passe ainsi à la famille Bateste30.

Guillaume 1er ou II Bateste construit dans le village un château féodal31. Il possède en outre le monopole du moulin, du four à pain et du pressoir. Il exerce le droit de basse et moyenne justice, tandis que le seigneur de Montmorency conserve celui de haute justice.

On lui attribue la construction de la première église, qui figure dans le pouillé de 1205.

Cette période semble bénéficier d’un climat de tranquillité et de prospérité qui contraste avec les temps troublés qui ont marqué l’invasion normande et les terribles ravages que provoquera, de 1337 à 1453, la guerre de Cent Ans. La population s’accroît, les bois de la plaine et du bas des coteaux sont défrichés, les marais sont transformés en terre arable. La vigne assure de confortables revenus aux paysans et le trafic important sur le chemin qui mène de Saint-Denis à Pontoise est source de prospérité pour les aubergistes et les professions liées au cheval. La seigneurie de Montmorency n’a pas manqué de comprendre le profit qu’elle peut tirer de ce trafic en installant un poste de « péage », le Travers-de-Franconville, qui taxe, selon des tarifs échelonnés en fonction de l’importance des personnes et des marchandises qui empruntent ce chemin.


Les successeurs de Guillaume Bateste

Le fils de Guillaume II, Guillaume III Bateste († c. 1260) épouse Jeanne32, qui lui donne deux enfants :

- Pierre Bateste, d’Herblay, écuyer, seigneur de Franconville († c. 1320), qui a deux enfants : Guillaume IV († c. 1360) et Pierre II, écuyer († c. 1365).

- Henri de Franconville, écuyer, qui a comme fils Jacquet et petit-fils Jacques († c. 1405)

Vers 1360, les Bateste tiennent encore à Franconville les propriétés suivantes :

- Pierre II Bateste avoue tenir un hôtel, 9 arpents (3 ha) de vigne, 1 arpent et demi de pré, 55 arpents (18,3 ha) de terre,

- Son frère, Guillaume IV, tient une maison, 3 arpents de vigne, 3 quartiers de pré, 20 arpents de terre,

- Leur cousin Jacquet, héritier d’Henri de Franconville, tient un hôtel, un arpent et demi de vigne et un quartier de jardin.

« Seul le fief de Pierre a encore l’aspect d’une seigneurie de quelque importance, comportant réserve, censive, et de laquelle dépendent des vassaux. Mais Guillaume et Jacquet tiennent une exploitation agricole de type moderne… dans la mesure où ils pratiquent sur leur terre un faire-valoir direct : leur domaine rural est une vaste réserve, leur mode de vie plus proche de celui du paysan que de celui du seigneur. Ces trois demeures seigneuriales disparurent lors de la Jacquerie33 qui souleva massivement les habitants de la châtellenie de Montmorency. Le lignage subsiste toutefois en la personne de Jacques Bateste, écuyer, de qui est tenu en 1392 le fief appelé de Tauxement : il comporte des cens et rentes perçues sur des masures et des vignes sises à Franconville et représente sans doute le résidu des arrières-fiefs tenus en 1360 de Pierre Bateste, ainsi que les débris des autres fiefs Bateste. L’élément nouveau tient au fait que Jacques Bateste est pour ce fief vassal du seigneur de Montmorency, à qui il tient aveu et dénombrement le 18 septembre 1403. Les troubles de la Jacquerie permirent sans doute au seigneur de Montmorency d’exercer, au détriment de l’abbaye dionysienne, trop éloignée du plat pays, son pouvoir d’attraction sur un lignage qui, durant environ deux siècles, était resté vassal fidèle de Saint-Denis »34.


Les autres possessions féodales

Le fief Bateste n’est pas la seule propriété féodale. L’échafaudage complet des divers fiefs et censives reste encore à explorer. Contentons-nous de suivre Charles Lefeuve dans son « Tour » de 1856, même si son panorama est sommaire :

« Le fief dit de la Ville et de la Prevôté, puis d'Albiac, et sur lequel s'élevaient la maison de justice et l'église, relevait encore de l'abbaye, du temps de (l’abbé) Lebeuf, bien qu'il fut tenu alors par le seigneur de Franconville.

D'autres droits que ceux de Suger avaient pris racine dans le sol. Au commencement du XIe siècle, le chevalier Philippe était reconnu seigneur par l'abbaye, à laquelle il avait donné un bien à Bessancourt. Un autre chevalier, Yves Bouches, était dans le même cas en 1190. Le prieuré de Saint-Martin-des-Champs avait une rente à Franconville, confirmée par l'évêque Thibaud vers 1150. Les seigneurs de Montmorency avaient, dès le même siècle, des censives impliquant haute justice sur la moitié de la paroisse. Burchard et Matthieu gratifièrent aussi quatre abbayes de leur droit de péage sur la route de Paris à Rouen, savoir Saint-Martin-des-Champs, Saint- Martin de Pontoise, Sainte-Honorine de Conflans et Cluny. L'autre Matthieu, chambellan de France en 1293, regardait les habitants de cet endroit comme faisant partie de la gent de sa terre de Montmorency. Le fief Bateste, assis presque en face l'église, relevait du duché de Montmorency et était tenu par le seigneur local ainsi que le domaine de l'abbaye. Le travers ou droit de barrage se trouvait érigé en fief, mais il avait fini par glisser des mains monacales, pour entrer dans le bien du roi, représenté, par le prince de Condé. La petite terre noble de Bertin faisait réserve. Les Bertin, famille de cultivateurs, qui la possédaient, rendaient hommage au seigneur de Franconville »35.


La maladrerie et la chapelle Saint-Marc

Une maladrerie ou léproserie est installée à Franconville, probablement à l’initiative de l’abbaye de Saint-Denis, selon Brigitte Bedos36. Sa première mention connue est de 1229, mais elle a sans doute été fondée plus tôt : « La fréquence des fondations de léproseries dès le début du XIIe siècle est un fait connu, attribué à un renouveau de la ferveur religieuse qui s’exprima par la pratique d’œuvres charitables »37. Son rayon d’action ou, pour être plus précis, sa prisée, couvre douze paroisses : Franconville, Argenteuil, Cormeilles, Montigny, La Frette, Herblay, Houilles, Carrières-Saint-Denis, Bezons, Sartrouville, Pierrelaye, Conflans-Sainte-Honorine et son hameau de Chennevières. Pour éviter les contacts avec la population du village, elle est installée à l’écart, dans les bois, aux confins de Cormeilles, à tel point que quelquefois, on l’appelle la maladrerie de Cormeilles, ou de Cormeilles-lès-Franconville. Elle est dotée d’une chapelle, et même d’un chapelain. Cet édifice porte le nom de Saint-Marc, pour la raison suivante :

« On connaît en France beaucoup de léproseries ou maladreries, improprement nommées maladeries, établies à quelque distance des villes. Ces léproseries ou maisons-Dieu étaient généralement désignées sous le nom de Saint-Marc, parce que, le 25 avril, jour de la fête de ce saint, le curé de la paroisse y allait chanter solennellement la messe de la station. Mais le véritable patron était saint Lazare ou Ladre, et quelquefois sainte Madeleine, que l'on croyait sa sœur.

C'est ainsi que le litre de Sainte-Madeleine est resté à l'église de Franconville, celui de Saint-Lazare a disparu de la petite chapelle, depuis que la léproserie a été transférée à l'hôpital d'Argenteuil ; et l'humble oratoire, désert pendant tout le reste de l'année, a gardé le nom de Saint-Marc.
On le voit indiqué par d'anciennes cartes sous le nom de Saint-Mars, comme si saint Médard ou saint Mard en était le saint éponyme ; mais nous avons expliqué suffisamment d'où lui vient son nom actuel. On l'a désigné autrefois sous le nom de Saint-Marc de Cormeilles ; mais le nom de Franconville a prévalu »
38.

Par donations successives, le domaine de la maladrerie devient de plus en plus important. Au XVIe siècle, on dénombre plus de 150 arpents de terre (plus de 51 hectares) en 15 parcelles, au revenu desquelles s’ajoutent divers droits de dîmes et rentes. Les terres sont cédées à bail à des fermiers. Le domaine s’étend au sud du chemin de Pontoise et comprend la chapelle, des maisons, des greniers, une bergerie, une écurie, une cour, un jardin enclos avec des arbres fruitiers, des pâtures, des vignes, des terres labourables, un marais, de grands bois. Sans compter la fontaine Saint-Marc, qui passe pour être miraculeuse39 !

À la fin du XVIe siècle, la lèpre a pratiquement disparu. Le problème se pose de l’utilisation des léproseries… et de leurs biens. En 1585, la maladrerie de Franconville est appelée Hôtel-Dieu de Saint-Marc. Une certaine femme Tiphaine Gallerand, épouse de Pierre Blondeau, lègue « deux draps de chanvre pour coucher les hospitalisés » : la maladrerie est devenue hôpital. Par un édit de 1664 (confirmé en 1672), à l’instigation de Louvois, Louis XIV rattache les maladreries à l’ordre de Saint-Lazare de Jérusalem et du Mont-Carmel. Ces établissements deviennent alors des sortes de commanderies, avec revenus et bénéfices, souvent au profit … de parents ou protégés de Louvois. Louis XIV révoque cet édit en 1693. Les biens et revenus de la maladrerie de Franconville sont affectés à l’hôpital d’Argenteuil, fondé en 1697, sous condition de réserver un lit à un malade venant de Franconville40. L’hôpital d’Argenteuil gère les revenus du domaine, mais les bâtiments tombent en ruine. On rase la chapelle en 1733 pour en construire une autre, plus petite, mais au bord du chemin de Pontoise. Construite en 1734, cette chapelle n’a ni clocher, ni cloche. Elle est bénie par le curé Desjardins en 1734. Elle sera fréquentée à la Saint-Marc chaque année, mais au début du XIXe siècle, elle servira de remise pour les grains. Puis elle sera définitivement ruinée pendant la guerre de 1914-1918. Les bâtiments de la ferme sont détruits de leur côté en 1752. Il reste un petit souvenir de cet ensemble : un vitrail de l’église Sainte-Madeleine est consacré à saint Marc.


Les temps terribles : XIV-XVIIe siècles

Pendant la guerre de Cent ans (1337-1453), la vallée de Montmorency est régulièrement dévastée par les troupes qui se combattent. Quelle que soit leur origine, les soldats en campagne pillent et tuent sur leur passage. Franconville, lieu de transit entre Paris et la Normandie, est en première ligne des dégâts. Le château du Mail, tout près de là, est détruit préventivement en 1359 sur ordre de Charles, régent de France, pour éviter qu’il ne tombe aux mains des Anglais. Au début du XVe siècle, il faut compter avec les affrontements entre Armagnacs et Bourguignons. Pendant près de trente ans, toute vie disparaît de la région. La disette succède aux pillages et aux épidémies. La grande Peste noire a décimé une bonne partie de la population entre 1347 et 1351 et l’épidémie de peste bubonique revient régulièrement, même si elle frappe moins fort. Toujours est-il qu’en 1470, Franconville ne compte plus que 12 feux, soit environ 48 personnes41 !

Le calme revient un peu dans la première partie du XVIe siècle, mais les guerres de religion (1562-1598) sèment à nouveau l’insécurité. Puis au XVIIe siècle, la région est à nouveau frappée par la guerre civile : la Fronde (1648–1653) amène des mouvements de troupes aux abords de Paris et Franconville voit sa population réduite de moitié pendant cette période.


Les grandes propriétés aux XVIIe-XVIIIe siècles

Il faudra attendre la deuxième moitié du XVIIe siècle pour voir enfin revenir une ère de prospérité, qui durera jusque dans les années 1780.


A. La seigneurie de Franconville et le vieux château

L’ancien domaine des Bateste passe à la fin du XVIIe siècle à la famille Boutet. On trouve d’abord Jacques Boutet, bourgeois de Paris en 1638, puis Anne Boutet, épouse de son fils, capitaine au régiment de Picardie, en 1677.

En 1718, nous relevons le nom de Nicolas de Mailly, également seigneur de Charneuil.

Puis Guillaume Juillet, secrétaire du roi. Sa veuve, née Marie, Jeanne Robin de l’Isle, lui succède en 1728. Le domaine revient ensuite à leur fille, Marie-Geneviève Juillet, qui épouse Alexandre Bréauté, comte de Longaulnay. La comtesse de Longaulnay habite Taverny jusque vers 1770. Lorsqu’elle vend la seigneurie de Taverny à M. de la Borde, elle vient demeurer en son château de Franconville. Elle refait le château à neuf où elle meurt le 13 février 1781, âgée de 59 ans. Elle est inhumée dans la chapelle saint Jean de l’église Sainte-Madeleine.

À ce moment-là, le château a son entrée par une belle grille de fer. Il est composé d’un très grand péristyle, d’une salle à manger au rez-de-chaussée, une salle pour les domestiques et une grande cuisine, garde-manger, lavoir, une petite cour particulière pour les cuisiniers, beau fruitier garni de planches, un appartement complet de maître avec lieux à l’anglaise. Le premier comporte des chambres. Trois cours entourent la demeure. La première abrite un superbe colombier garni de pigeons. La deuxième est bordée par des remises. La troisième est dite des écuries, où peuvent loger 20 chevaux, mais où l’on trouve aussi vacherie, granges et poulailler. Une grande hôtellerie dépend du château, avec différentes écuries pour 80 chevaux. Le parc a une contenance de 23 arpents, clos de murs et garnis d’arbres fruitiers. En face du château, se trouve un potager. A cela s’ajoutent 167 arpents de terres labourables, prés et bois.

Les cinq filles de la comtesse, les « dames de Longaulnay », célèbres pour leur beauté, gardent quelque temps le château seigneurial, puis le mettent en vente en février 1784. L’adjudication revient, le 22 novembre 1788, moins d’un an avant la Révolution, à Anne Léon, duc de Montmorency. Ce dernier a le projet de reconstruire un château, plus haut, mais le projet s’arrête aux caves, car le duc quitte la France dès les premiers troubles révolutionnaires pour s’installer à Münster, en Westphalie. Le domaine est vendu comme bien national.


  1. La maison Becquet – Cadet de Vaux

Typique du XVIIIe siècle, cette demeure est construite par la famille Becquet sur un vaste terrain acquis auprès des héritiers de la veuve de l’avocat au parlement Couet de Montbayeux. Les propriétaires, d’origine anglaise, jouissent en France d’un rang social élevé.

Jacques-Philippe-Francis Becquet, né en 1693 de Philippe François Becquet (1654-1707) et d’Anne Françoise Thérèse Rémy de Campeau (1667-1744), quittant la région du Nord, vient s’installer à Franconville en 1758. Il se fait bâtir un château à l’est du village, près de l’église (le futur parc Cadet-de-Vaux). Il meurt en 1773, laissant quatre enfants, dont Anne-Thérèse, qui décède peu de temps après. Le domaine passe à ses trois autres enfants : Thomas de Cantorbery Becquet, Michel-François Becquet de Layence, tous deux gardes du corps du comte d’Artois, et Jacqueline Becquet.

Les enfants Becquet louent en 1776 la propriété au Comte de Tressan (biographie ci-après), qui l’occupe jusqu’à sa mort, intervenue en 1783.

Cadet de Vaux (biographie ci-après) achète le 22 août 1788 le domaine possédé en indivis par les héritiers Becquet. Il consiste principalement en :

« une maison située à Franconville-la-Garenne, dans la rue qui conduit dudit lieu à Ermont… laquelle maison a son entrée par une grille de fer sur ladite rue, au devant de laquelle il y a un terrain planté de deux rangées de tilleuls formant allée tout le long du chemin… » 42

Le domaine comprend également une melonnière avec ses dépendances que Cadet de Vaux revend les 10 et 25 juin 1800 au libraire et bibliophile Guillaume Debure (biographie ci-après), qui a déjà acquis le 3 octobre 1798 une propriété contiguë à celle de Cadet de Vaux.

Cadet de Vaux, couvert de dettes, ne voit pas d’autres solutions que de vendre sa maison avec toutes ses dépendances, le 13 juin 1821, à Jean André Henry Lucas, chevalier de la Légion d’Honneur, qui assiste son père garde des galeries du Muséum royal d’histoire naturelle, et à Adélaïde Françoise Bonneau son épouse. Il se retire d’abord dans son domicile parisien, puis va s’installer, en 1827, chez un de ses fils, Benjamin, qui s’est improvisé marchand de papier à Nogent-les-Vierges, où il meurt peu après en 1828.

Parmi les différents successeurs, il convient de noter la famille Pochet-Deroche, propriétaire en 1837.


C. Le domaine Le Père et de la Crosnière

Situé juste en face du domaine de Cadet de Vaux, de l’autre côté du chemin d’Ermont, à l’entrée du village,

Un Le Père vient s’installer à Franconville vers 1618 en faisant l’acquisition d’une grande propriété au coin du chemin d’Ermont et du grand chemin de Pontoise. La famille Le Père constitue au fil des âges un domaine important, non seulement à Franconville, mais aussi dans les villages environnants. En 1640, Guillaume Le Père, sieur de Popin, conseiller du roi et receveur des Domaines, possède le moulin à vent. Le parc, aménagé « à la Française » est immense et de toute beauté. On en attribue les plans à Le Nôtre. On y remarque une épaisse charmille au-dessus de laquelle une balançoire sert au jeu non seulement des enfants, mais aussi des grandes personnes. On y trouve aussi une pièce d’eau (cf. supra). Françoise Jeanne Le Père, fille de Léonard Louis Le Père, sieur de Popin, écuyer et secrétaire du roi, épouse en 1739 Michel Velut de la Crosnière (1710-1794) et lui apporte en dot le domaine de Franconville. Le nouveau propriétaire, adepte des jardins « à l’Anglaise », agrémente son parc d’un bois touffu, d’un monticule au sommet duquel on parvient par un labyrinthe, jusqu’à un kiosque chinois.

D’une grande bonté, il réserve 14 arpents de terre qu’il divise en 30 lots pour des Franconvillois nécessiteux. Il est également propriétaire de quinze maisons locatives divisées en petits logements. Il fait, enfin, construire des maisons neuves, ruelle du Moulin.


D. Le domaine de Saint-Marc : Cassini de Thury et le comte d’Albon

Continuant les travaux de son aïeul, Jean-Dominique et de son père Jacques, César-François Cassini de Thury, dit Cassini III Cassini de Thury (biographie ci-après) vient lui aussi à Franconville. Séduit par la douceur du climat et la beauté du paysage, il fait construire en 1770 un pavillon carré, de taille modeste pour l’époque avec cour, jardins et dépendances (cette propriété sera acquise par le comte d’Albon le 14 février 1781). La particularité de cette demeure est d’avoir un toit en terrasse, à la façon italienne. Ses travaux l’absorbant beaucoup, il ne fait à Franconville que de courts séjours.


L’incroyable parc du comte d’Albon

Claude, Camille, François, Comte d'Albon (1753-1789), (biographie ci-après), achète le 14 février 1781 la propriété de Cassini de Thury. En trois ans, il fait de ce domaine un des plus extravagants parcs français de la fin de l’Ancien Régime. À cette fin, il acquiert des terres avoisinantes pour pouvoir concurrencer les jardins les plus connus de l’époque : le parc Monceau, les jardins d’Ermenonville et de Mortefontaine…

La source Rinvals alimente en permanence un vaste plan d’eau où flottent des nacelles.

Toute l’originalité du comte est rassemblée dans cette « vallée des Merveilles » : ses idées, ses opinions, son caractère, ses fantasmes. Il érige une colonne au marquis de Mirabeau. Épris de liberté, il dresse un arbre à la mémoire de Guillaume Tell. Pratiquant la tolérance, il élève un tombeau à Court de Gébelin, protestant qui n’a pas trouvé sa place dans un cimetière catholique. Adepte de Jean-Jacques Rousseau et aussi de la nature, il crée un village suisse, un chalet des chèvres, un asile des bergers, une cabane de pêcheurs. Homme de lettres, il aménage une bibliothèque démesurée, digne d’un encyclopédiste (30 000 volumes). Poète, il édifie un temple des muses. Fabuliste, il dédie une cascade à Ésope. Chaque monument possède une inscription ou une devise. On peut également admirer une profusion de bustes de poètes grecs et latins, de sages de l’Antiquité ou de savants. Comme il s’occupe aussi d’agriculture et de botanique, il élève un monument à la mémoire de Haller, une colonne à Boërhave.

Enfin, se disant homme de science, il possède un cabinet d’histoire naturelle, un cabinet de physique, un laboratoire de chimie, un observatoire et des instruments d’astronomie. Mais une telle profusion a entraîné des dépenses inconsidérées, de sorte que le 8 mai 1787, par décision de justice, il est pourvu d’un « conseil judiciaire ». Ses soucis financiers, et ses fantaisies ont probablement ébranlé sa raison. Il meurt le 5 octobre 1789, fou dit-on, à Lyon.

Sa propriété de Franconville est vendue par adjudication le 12 juillet 1788 au marquis de Mions (ou de Myons, biographie ci-après). Toutes ses richesses sont vendues aux enchères et dilapidées43.


Le Comte d’Albon, bienfaiteur du village et thérapeute

Le comte d’Albon se plait à faire bénéficier les villageois de ses largesses. La Fontaine des boulangers est précieusement conservée, où les gens de cette profession ont autrefois puisé de l'eau. Une salle de jeux, plantée de frênes, entourée de bassins où naviguait une gondole vénitienne, servait à recevoir tous les habitants de la campagne.

Le comte d’Albon est hospitalier et soulage beaucoup d’infortunés. Il aime rassembler autour de lui les habitants de Franconville, qui viennent danser au son de toutes sortes d’instruments qu’il leur procure.

Une pharmacie est établie au-dessus de la bibliothèque. Les pauvres du village peuvent y venir chercher gratuitement des remèdes. Un laboratoire de chimie, un cabinet de physique sont attenants à la pharmacie. Le cabinet de physique renferme une puissante machine électrique qui joue un grand rôle dans les guérisons merveilleuses qui s’opèrent chez le châtelain. Un ouvrage de l’époque raconte ainsi la guérison d’un paralytique par cette machine.

« Le nommé Jacques Fontaine, maître charron demeurant à Versailles, rue Saint-François, avait une très grande faiblesse à une jambe et une paralysie à un bras, dont il ne pouvait se servir en aucune manière. Les médecins, après avoir épuisé les ressources de leur art, lui ont conseillé de faire électriser son bras et sa jambe malades. On a prié Monsieur le Comte d’Albon de vouloir bien prêter à cet effet sa machine électrique, une des meilleures et des plus fortes. Non seulement il y a consenti avec plaisir, mais encore il y a présidé seul et suivi avec application le traitement, qui a parfaitement réussi. Jacques Fontaine s’habille, se déshabille, mange, travaille à la forge, fait en un mot de son bras toutes les fonctions dont il était susceptible avant la paralysie »44.


La Poste de Franconville45

C’est Louis XI qui, le premier en France, établit un système postal, consistant essentiellement en un réseau de coursiers pour son usage personnel et pour le gouvernement royal. Henri IV autorise les messagers royaux à transporter des correspondances privées. Louis XIII donne aux postes à chevaux une organisation plus régulière. Franconville, en raison de sa position privilégiée sur le chemin qui mène de Paris en Normandie, est pourvue d’un maître de la poste aux chevaux au moins depuis 1585, en la personne d’Antoine de Brissart. C’est sous Louis XIV, avec Louvois que le système postal est organisé de manière plus méthodique et prend un grand essor. En 1675, un premier bureau de relais de postes fonctionne à Franconville. On compte alors une poste de Saint-Denis à Franconville et une poste et demie de Franconville à Pontoise.

Au cours du XVIIIe siècle, le service de la poste aux chevaux est séparé de celui de la poste aux lettres. À partir de 1772, la poste aux chevaux a, semble-t-il, quitté Franconville pour Sannois. Mais elle revient au début de la Révolution. En 1787, le bureau de poste se trouve dans l’auberge de Gabriel Bertin, à l’enseigne du Point-du-Jour, à l’entrée du village en venant de Paris.

À la fin du XVIIIe siècle, les lettres doivent être postées depuis Paris (six bureaux dans la capitale) avant deux heures de l’après-midi. Les tarifs sont les suivants : trois sols avec enveloppe, cinq sols pour les lettres doubles et douze sols pour les paquets. En 1789, le directeur de la poste aux lettres reçoit l’aide d’un facteur de la poste. Il faut en effet desservir, outre Franconville : Sannois, Ermont, Saint-Leu, Saint-Prix, Le Plessis-Bouchard, Herblay, Montigny-les-Cormeilles, La Frette, Cormeilles-en-Parisis et Sartrouville. Le cachet de la poste de Franconville porte le n° 72. Les premiers timbres feront leur apparition le 1er janvier 1849.


La vie du village jusqu’en 1789

Pendant tout le Moyen-Âge et l’ancien Régime, le village est entièrement consacré à l’agriculture. La culture principale est celle de la vigne, qui s’étend sur 400 arpents en 1780. La très grande partie des villageois sont appelés vignerons sur les registres d’état-civil, même s’ils pratiquent également d’autres cultures, telles que des céréales ou des fruits, mais la quantité de blés produite n’est pas suffisante pour répondre aux besoins et les habitants doivent se pourvoir en grains et en farine sur les marchés voisins. Le pain est cuit au four des religieux, bientôt concurrencé par celui des seigneurs de Montmorency, comme nous l’avons vu.

La terre est entièrement cultivée à bras d’hommes. Comme le souligne l’instituteur en 1899, « même à la fin du siècle dernier (donc vers 1790-1800), il aurait été impossible de trouver à Franconville une seule charrue » ! On cultive aussi le chanvre, que travaillent un certain nombre de tisserands, qui paient la dîme de la filasse.

On trouve enfin un moulin à vent et « quatre usines » (selon la monographie de l’instituteur, mais qui déclare ne pas connaître leur production). Le moulin est situé à la limite du Plessis-Bouchard et à proximité du ru des Espérances.

Le chemin de Pontoise est en réalité une voie de grande communication, qui fait l’objet d’un trafic intense. De nombreuses auberges s’installent au bord de la route. Citons en particulier : La Chasse royale, l’Epée royale, le Cheval Rouge, le Grand Cerf, la Maison Rouge. Celle-ci, en particulier, sera la résidence de l’illustre Cassini (cf. ci-après). Comme nous l’avons vu, une barrière de péage mobile (le Travers de Franconville) est implantée en face du presbytère, avec un passage de vingt pouces pour les piétons (ceux-ci doivent également payer leur écot).


La démographie sous l’Ancien Régime

Comme nous l’avons vu, en 1470, Franconville ne compte que 12 feux, soit 48 habitants environ46, équivalente à celle du village de Sannois. Jusqu’au début du XVIIIe siècle, les chiffres augmentent notablement : 158 feux, soit 632 habitants en 1709, ce qui signifie une population multipliée par un peu plus de 13 en 239 ans. La population continue à monter graduellement dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle à 232 feux, soit 928 habitants, en 1781 et connaît une augmentation notable à la période révolutionnaire : 1025 habitants en 1790, soit une population multipliée par 1, 62 en 81 ans47, ce qui fait de Franconville à la Révolution un village bien peuplé de la Vallée (après Sannois, Taverny, Deuil et Saint-Leu). Cette progression est probablement due à plusieurs facteurs combinés : la baisse de la mortalité, la montée du nombre de naissances, et l’accroissement de l’émigration, comme à Sannois. En 1791, intervient une rectification des limites entre Franconville et Cormeilles-en-Parisis.



FRANCONVILLE SOUS LA RÉVOLUTION


Franconville-la-Libre

À la fin du règne de Louis XVI, la paroisse de Franconville est pauvre. Des catastrophes naturelles se sont abattues sur toute la France. La misère sévit au village. En 1787, les paroisses sont érigées en municipalités, dont les administrateurs sont élus par les habitants. Deux ans plus tard, les États-Généraux sont convoqués et les municipalités sont invitées à rédiger leurs cahiers de doléances. Les Franconvillois adoptent le leur, le 14 avril 1789, en 22 articles, sous la présidence de Guillaume Bouju, procureur fiscal. Ils sont en grande majorité partisans d’un nouvel ordre social, économique et politique et se déclarent prêts à y participer. Ils demandent notamment la suppression des droits de péage successifs perçus sur la route de Normandie, en particulier celui du Travers-de-Franconville. Mais on n’y trouve aucune récrimination contre les seigneurs locaux, qui sont leurs bienfaiteurs, ni contre leurs prêtres.

Il est à remarquer que les grands propriétaires franconvillois traversent la période révolutionnaire sans grand dommage. Il est juste de dire qu’ils se montrent particulièrement actifs dans les événements évolutionnaires, du moins jusqu’à la Terreur, à l’exception du duc de Beaufort-Montmorency qui, en raison de sa généalogie, préfère rapidement émigrer. Cadet de Vaux, en particulier, monte au créneau, certainement par conviction, mais aussi pour mieux contrôler la situation. Il a été le premier en à élever un autel de la Patrie bien avant 1789. M. de la Crosnière se réfugie dans son appartement parisien, mais il laisse un local dans sa demeure à la Société populaire, pour preuve de bonne volonté et de civisme patriotique. Le marquis de Myons, de son côté, est commandant d’une sorte de garde civique et prête deux canons pour défendre le village lors des émeutes. Cadet de Vaux lui succède en 1790, à la tête de la Garde Nationale, divisée en trois compagnies, dont il prend à sa charge le 1/8ème des dépenses. En cas d’effervescence, il rétablit le calme et surtout, veille à la concorde générale en organisant des fêtes dans son domaine. Il prend également une part active au niveau départemental, en devenant en 1791 représentant du canton de Taverny48, puis président du conseil général de la Seine-et-Oise, nouvellement créée. Lorsque les événements se durciront, en 1792-1793, il se mettra un peu plus en retrait à Franconville, pour porter ses efforts sur l’échelon cantonal et départemental. Le marquis de Myons, quant à lui, se trouve dans sa famille piémontaise en septembre 1789. Les événements politiques prennent une telle tournure qu’il ne peut pas (ou ne veut pas) revenir en France. Il laisse le soin à Cadet de Vaux de s’occuper de ses intérêts patrimoniaux.

La vie religieuse des premiers mois de la Révolution connaît des soubresauts du fait de l’opposition marquée entre le curé Francois Portefaix et son vicaire Leplanquais, à l’égard du nouvel ordre des choses. Le premier ne veut pas prêter serment à la Constitution dans les formes prévues, c’est-à-dire sans commentaires ni restrictions. Le deuxième, rempli d’enthousiasme « patriotique » et voyant peut-être dans les événements révolutionnaires une occasion de promotion, est résolument partisan de la constitution civile du clergé. C’est lui qui, finalement, est nommé « curé élu », à partir du mois d’avril 1791, après le départ de son supérieur. Il exercera ses fonctions jusqu’au moment où, visiblement lassé par tous les excès vécus au cours des mois précédents, il quittera Franconville pour la Vendée, en février 1794.

La Révolution à Franconville est en effet marquée, dans les années 1793-1794, par l’action de la Société populaire de Franconville49. Celle-ci est fondée le 18 août 1793, à la sortie des vêpres par le citoyen Jean Michel Dufour, qui sera remplacé un mois plus tard par le chirurgien du village, Candas. Composée presque exclusivement de personnes nouvellement implantées dans la commune - des horsains - elle est affiliée aux sociétés des Cordeliers et des Jacobins. Elle relaie l’action du Comité de salut public : ses membres envoient des pétitions et des dénonciations, organisent des cérémonies républicaines, jouent en quelque sorte le rôle de commissaires politiques. Des citoyens modérés du village finissent par y entrer pour la contrôler de l’intérieur, notamment Cadet de Vaux et Bouju. C’est la Société populaire qui est à l’origine du changement de nom de la commune : le 13 octobre 1793, le Conseil général publie un arrêté exigeant de l’appeler désormais Franconville-la-Libre. Elle est rattachée au canton d’Emile, nouvelle appellation de Montmorency. D’autres changements de nom se produisent : le parc du Château Cadet de Vaux est rebaptisé l’Enclos des Républicains, le hameau de Saint-Marc s’appelle Marc (tout court). La ci-devant église, qui est dans un triste état, devient le lieu des assemblées décadaires, puis en 1794, le Temple de la Raison. On l’a dépouillée de tous les objets de culte qu’elle pouvait contenir et les cloches ont été fondues pour en faire des canons. Car la guerre exige la réquisition de tout ce qui peut servir aux armées, à commencer par les hommes en état de servir. Les maçons, les menuisiers, les peintres doivent travailler pour les hôpitaux militaires. Les tailleurs et les cordonniers sont mis à contribution pour l’équipement des troupes. Les chevaux sont conduits à Taverny pour l’artillerie et la cavalerie.

La fin de la Terreur rend un peu d’espoir à ceux qui, nombreux, regrettent les anciennes traditions. On se remet à sonner l’Angélus. La cloche donne à nouveau l’heure aux travailleurs dans les champs et marque l’entrée et la sortie des écoles. Cérémonies religieuses et cérémonies civiles vont alterner dans l’ancienne église devenue temple de la commune, jusqu’au Concordat de 1802, qui rend l’édifice cultuel à son usage traditionnel. Un nouveau curé est installé le 5 décembre 1802 : il s’agit de Claude-Simon Dubois, un religieux qui officie déjà depuis 1796, logé dans une maison appartenant à la famille de la Crosnière. L’amnistie du 26 avril 1802 a permis aux émigrés de rentrer en France, ce que s’empressent de faire à Franconville le marquis de Myons et les six héritiers d’Anne-Léon de Montmorency, juste le temps de transiger avec les nouveaux propriétaires de leurs domaines. Lors du plébiscite de mai 1802, les 156 votants de Franconville ont tous voté en faveur de la proclamation de Bonaparte comme Premier consul. Tout rentre dans l’ordre… ! La Révolution est bien finie. L’Empire est établi en 1804.


LA COMMUNE AU XIXe SIÈCLE


Un village qui reste agricole

L’activité viticole est la principale ressource de Franconville. C’est en effet l’un des bourgs viticoles moyen du canton, après Saint-Leu et surtout Sannois. Pour l’année 1788, la production de vin est de 879 muids, soit 200 412 litres, alors que Deuil, par exemple, gros bourg viticole, produit la même année 2 661 muids, soit un peu plus de 3 fois celle de Franconville50.

Même si, au début du XIXe siècle, la commune de Franconville compte 1 016 habitants, en 1801, elle demeure un village rural. La vigne reste encore prépondérante, mais le piccolo de la Vallée, comme celui d’Argenteuil, est concurrencé par les vins venus de province.

« L'ordonnance sur les aides, en 1680, qui a accumulé sur ce territoire une masse énorme d'impôts indirects et une foule de vexations lui a été funeste. D'un autre côté, des routes mieux entretenues, et la création de beaucoup de routes nouvelles, sous le règne de Louis XV, ont ouvert une foule de débouchés à la Bourgogne, à l'Orléanais, à la Champagne, à la Touraine, et à d'autres vignobles de la France, et ont facilité l'arrivage de leurs vins à Paris et à la cour. Le luxe des tables, qui a passé des riches aux bourgeois, aux marchands, a fait préférer ces vins à ceux des environs de Paris, qui alors valaient tous ces nouveaux débarqués, dont le nom a prévalu. Car tout est mode en France, et il n'était plus du bon ton de boire des vins de pays : il fallait servir des vins venus de loin, dont une bonne partie se composait de nos vins, déguisés en bourguignons ou champenois »51.

Cadet de Vaux déploie beaucoup d’efforts, dans les années 1800-1810, pour essayer de convaincre les vignerons de Franconville, d’Argenteuil et des environs de modifier leurs méthodes de culture et de vinification52. Il plante lui-même des vignes dans sa propriété, ainsi que sur des terres qu’il acquiert à Argenteuil. Ayant fait la preuve de ses bons résultats, il entreprend une longue et difficile action pédagogique pour persuader les vignerons des alentours d’en faire autant :

« À l'appui de ses arguments, la qualité extraordinaire du vin de sa récolte des années 9, 10 et 11, a achevé de convaincre les cultivateurs de Franconville, de Sanois, etc. J'ai goûté de ses vins, dont la qualité était plus éloquente que tout ce qu'il aurait pu ajouter en paroles et en écrits. Ces vins parlaient d'un ton aussi haut que les vins ordinaires de la Bourgogne, qui ont eu les honneurs d'une offre de 200 francs la pièce, tandis que les meilleurs vins d'Argenteuil, supérieurs en qualité aux vins de Franconville et de Sanois, mais inférieurs à ceux de M. Cadet de Vaux, ne se vendirent alors que l00 à 120 fr. Voilà des faits capables de convaincre les plus incrédules, et de répondre victorieusement aux objections de l'ignorance ou de l'entêtement.

Le vin de M. Cadet de Vaux offre chaque année un échantillon auquel tous les vins des environs peuvent s'ajuster. M. Cadet de Vaux a jeté le gant. Plusieurs cultivateurs, et moi, nous l'avons ramassé, et certes, ni eux ni moi n'avons eu lieu de nous en repentir »53.

Il n’est pas sûr que les effets de ces techniques aient duré longtemps, car un chroniqueur des années 1840 fait la remarque suivante : « On prétendit, il est vrai, que sa recette exigeait l'emploi de substances qui porteraient le prix du vin amélioré au même prix que celui du nectar bourguignon, ce qui diminuait les avantages de la découverte »54.

En fait, l’évolution de la production agricole suit la demande des Parisiens, dont le nombre s’accroît et qui sont de plus en plus demandeurs de produits maraîchers et de fruits. Par ailleurs, la vigne souffre du mildiou et de l’oïdium - des champignons parasites que l’on combat à grands renforts de sulfatage et de soufrage - et, dans les années 1890, du phylloxéra, ver qui ravage le vignoble français. À la fin du siècle, la production agricole se présente à Franconville de la façon suivante :

« La culture maraîchère et celle des arbres fruitiers forment la plus grande occupation de la population agricole. Les principaux produits du sol sont : les asperges, les poireaux, les choux, les cerises, les prunes, les poires, les pêches, les groseilles, les pommes. La vigne et les céréales sont également cultivées, mais en petite quantité… On ne trouve pas d’herbages sur le territoire. Par conséquent, l’élevage des bestiaux est nul… Les chevaux servent surtout au transport des marchandises. Les vaches sont peu nombreuses et suffisent à peine à produire du lait pour la consommation des habitants… Le commerce consiste dans la vente des produits du sol. Ceux-ci sont envoyés à Paris ou vendus sur les marchés de la banlieue. Les agriculteurs font aussi des expéditions de fruits pour certaines autres régions de la France et même pour l’Angleterre »55.


Un village encore marqué par les grandes propriétés

Dans les deux premiers tiers du XIXe siècle, Franconville apparaît encore comme une commune où les grandes propriétés s’enchaînent comme dans un grand parc. Voilà comment est décrit le village en 1855 :

« De tous les sites charmants que présente la vallée de Montmorency, Franconville est, sans contredit, un des plus agréables. Les belles maisons de campagne, les villas élégantes y abondent ; les souvenirs littéraires y brillent comme dans toute la vallée. L'aimable poète qui a mérité le surnom de l'Anacréon français, le comte de Tressan, avait ici sa demeure, et il a chanté ce séjour dans une pièce de vers qu'il composa à l'âge de quatre-vingts ans : les Charmes de Franconville »56.

De fait, les grands domaines de jadis se sont certes morcelés, mais en gardant leur splendeur. Que sont devenues les principales propriétés ?


1. Le château seigneurial

Vendue comme bien national en 1793, la propriété appartenant au duc de Montmorency connaît un premier morcellement. Le château échoit tout d’abord à M. et Mme Soldini, puis il est acquis par Guillaume Bouju en 1819. L’ensemble des bâtiments et des terres représente encore plus de 17 hectares. De 1868 à 1921, il aura deux propriétaires successifs, M. Joseph Porret et M. Bringuier. Puis il est loti en 1921, ce qui donnera lieu à de nouvelles rues.


2. La maison Velut de la Crosnière

Michel Velut de la Crosnière meurt en 1794. Trois de ses enfants reviennent à Franconville. Leur demeure est en triste état. Le quatrième enfant, Claude François, qui a émigré, les rejoint en 1802, après l’armistice. Comme leur père, ils se dépensent sans compter pour les œuvres de la ville. Tous seront inhumés dans le cimetière de la commune. Comme aucun ne s’est marié, Claude François fait de Marie Fourmont, née Saint-Marc de la Crosnière, sa légataire universelle. Celle-ci est mariée en secondes noces à Hippolyte Passy (biographie ci-après). Ce dernier effectue de grands travaux de réhabilitation et d’aménagement dans la propriété. Celle-ci passera successivement à la famille Baudouin, puis à la famille Blanchet. Le notaire Blanchet, de Paris, et son gendre Radius, copropriétaire de la joaillerie Boucheron, place Vendôme, agrandissent le pavillon de l’aile nord.

Après la Seconde Guerre mondiale, en 1949, la fondation Suger s’installe dans les locaux, auxquels elle donne son nom. Elle en fait une institution d’enseignement libre (non religieux). Lorsqu’elle cesse ses activités par suite d’ennuis financiers, une école privée de plein air lui succède, qui ferme ses portes en 1970. La propriété est acquise par la municipalité et mise à la disposition des associations57. Après une restructuration importante, la maison est devenue l’école municipale de musique, de danse et d’art dramatique.

Une glacière, implantée sous un monticule arboré, datant du XVIIIe siècle, a été conservée à l’intérieur de la résidence du Parc (ancien parc à l’Anglaise de Velut de la Crosnière), à l’extrémité ouest d’une grande pièce d’eau rectangulaire (80 x 20 m environ).


3. Le château de Cadet de Vaux

Cette demeure, la seule qui soit conservé à Franconville (située rue d’Ermont), est acquise par Hippolyte Leroy en 1822, que ses héritiers revendent en avril 1832 à Joseph Hindenlang, manufacturier (sa femme est une demoiselle Sieyès). En septembre 1837, les époux Hindenlang cèdent la propriété à la famille Pochet-Deroche (biographie ci-après), dont M. Mazimbert héritera par sa femme. On trouve ensuite les Colonna58.

Dans les années 1970, le bâtiment, ainsi qu’une partie du parc, sont achetés par la mairie de Franconville.

Dans ce château qui menace ruines59, André Vaquier (1886-1976) aménage un musée municipal, qui est inauguré le 25 octobre 197560. Malheureusement, suite à un changement de municipalité, celui-ci est fermé et le mobilier qui a été sauvegardé disparaît complètement61.

Le château conserve cependant aujourd’hui un beau parc municipal, avec des arbres remarquables : un « petit » séquoia géant (Sequoiadendron giganteum), de 35 m de haut et de 5,6 m de circonférence, est peut-être l’un des rares spécimens qu’ont offert les Américains à ceux qui ont soutenu leur combat en finançant le corps expéditionnaire français conduit par le marquis de La Fayette (1757-1834). Son classement tient à sa situation isolée au milieu de la pelouse. Un if à baies (Taxus baccata), de 7 m de haut et de 2,3 m de circonférence, a été classé en raison de sa forme esthétique62. Le parc possède de nombreuses autres essences remarquables : arbre aux quarante écus (Ginkgo biloba), pins de l’Himalaya, cèdres, hêtre pourpre, non classés.

Dans ce parc, un jardin à la française a été restitué, au nord du château. De style classique, il est composé de quatre parterres découpés de broderies plantées de buis. Au centre, les trois vasques superposées en grès sont supportées par un pilier central orné de trois poissons arc-boutés aux larges opercules63. Trônait également, dans le parc, une ancienne orangerie, à trois arcades en plein-cintre, sommée d’un fronton triangulaire du XVIIIe siècle, avec des serres de part et d’autre, où Cadet de Vaux a expérimenté sa peinture au lait. Celles-ci ont été malheureusement détruites à la fin des années 197064. Dans le parc à l’Anglaise, à l’extrémité Est des pièces d’eau et de la rivière sinueuse, une glacière, implantée sous un monticule arboré, avec une entrée avec sas, datant du XVIIIe siècle, a été conservée et restaurée de façon un peu drastique65.


4. L’ancienne propriété du Comte d’Albon

Après avoir appartenu à Barthélémy Pupil de Mions, elle est vendue comme bien national à Leclerc, maître tapissier. Ce dernier meurt à Paris en janvier 1801. Ses héritiers vendent le domaine au mois de septembre suivant à Jean-Baptiste Lecomte, avoué, qui décède en juillet 1823. Il est beau-frère par sa femme du baron Hamelin. Une demoiselle Lecomte porte par son mariage en 1825 la propriété à Duclosel, receveur des octrois de Paris. Elle est ensuite acquise en juillet 1841 par le vicomte de Mentque et passe en juin 1856 à François Pajot, et en mars 1868 aux époux Michaud. On trouve ensuite Georges Leredu, ministre, parlementaire et maire (biographie ci-après). Au XXe siècle, cette propriété sera entièrement lotie.


5. L’église Sainte-Madeleine

Cette église s’élève à l’emplacement d’un ancien sanctuaire du XVe siècle, qui menaçait ruine. Elle est bâtie en plusieurs campagnes de travaux (1903-1911-1955), à mesure que les fonds sont réunis par le curé, l’abbé Faivre, et par les paroissiens, qui organisent des souscriptions, des conférences, des ventes et des fêtes de charité, parfois jusqu’à Paris. Le chœur et le transept de style néo-roman, sont édifiés les premiers. Plusieurs vitraux d’origine, détériorés, sont remplacés par des vitraux modernes en 1963, sous l’impulsion de l’abbé Nassoy66.


6. La chapelle Saint-Marc

Cette chapelle, dédiée à Saint-Marc, située 371 rue du Général-Leclerc (ancien Chemin de Pontoise), faisait à l’origine partie de la léproserie de Franconville, signalée dès 1229, dont l’important domaine a été affecté à l’hôpital d’Argenteuil en 1693. Le sanctuaire, béni par le curé Desjardins, a été jusqu’en 1905 un centre de pèlerinage. Tous les ans, à la saint Marc (le 25 avril, à l’occasion des Rogations), une procession partait de l’église Sainte-Madeleine à 7 h 30 en direction de la chapelle. La foule progressait au rythme des cantiques, chaque confrérie étant rangée derrière sa bannière. À l’origine, et jusqu’au XVIe siècle, les représentants des douze paroisses de la prisée y participaient, venant de toute la Vallée67.

Cet édifice, situé à l’emplacement d’un aménagement autoroutier68, a fait l’objet d’une étude documentaire, historique et archéologique, avant que la chapelle ne disparaisse pour les besoins d’un accès au parking d’une grande surface commerciale franconvilloise69.

L’arrivée du chemin de fer

Dès 1834, différents tracés sont étudiés en vue de construire une ligne reliant Paris à la Belgique. Le premier itinéraire choisi passe par la Vallée de Montmorency et longe, à quelques centaines de mètres la route qui mène à Pontoise. Les premières expropriations commencent en septembre 1842. Ce projet ne sourit guère aux paysans car la ligne coupe le village en deux et rend plus difficile l’accès aux terres situées au nord. De plus, les travaux sont confiés à une compagnie anglaise, ce qui provoque quelques troubles. L’ingénieur en chef demande l’intervention de l’armée70. Le maire se bat pour qu’une station soit implantée à Franconville, car le projet initial ne prévoit d’arrêt qu’à Cernay et à Herblay. L’implantation d’une station intéresse non seulement Franconville, mais aussi les villages situés au nord : Le Plessis-Bouchard, Saint-Leu et Taverny. La ligne est inaugurée le 14 juin 1846, mais les municipalités concernées, qui ont entrepris des travaux pour aménager un chemin à la future station, ne savent toujours pas si leur demande sera honorée. C’est ici qu’intervient Hippolyte Passy. Son réseau de relations joue à plein et l’arrêt à Franconville est obtenu à l’arraché. Pendant longtemps, il ne s’agira que d’une simple halte, sans gare, sans voies annexes susceptibles d’accueillir des marchandises. Les villages au nord sont desservis par un service de diligences. Longtemps, ces villages résisteront aux projets d’implantation d’une nouvelle ligne de chemin de fer, notamment à celui dit de la nécropole de Méry, qui prévoit de relier Paris à un immense cimetière prévu à Méry-sur-Oise, par une ligne amenant les cercueils par wagons entiers. Le maire Chenel est au premier rang des municipalités de la région qui s’opposent au projet71. Le projet de nécropole est abandonné, mais une ligne de jonction est établie entre Ermont et Persan-Beaumont par l’Isle-Adam, en 1876, qui dessert directement Saint-Leu et Taverny.


Les écoles

Au XVIIIe siècle, l’enseignement est donné, sous l’égide de la paroisse, par des maîtres qui accueillent les enfants à leur domicile et qui reçoivent une partie de leur traitement de la Confrérie de charité, à raison de l’instruction qu’ils donnent aux élèves indigents.

En 1794, le culte catholique étant supprimé, la commune dépense 190 livres pour aménager le presbytère situé à gauche de l’église. Les deux classes et les deux maîtres y sont logés.

En 1802, le culte catholique est rétabli et le presbytère accueille à nouveau le curé, qui partage les lieux avec la classe de garçons et leur instituteur, jusqu’en 1842. La classe des filles, de son côté, s’installe dans l’ancien vicariat, jusqu’à la démolition du bâtiment en 1849. Une nouvelle école des filles est alors construite près de l’église, avec la classe au rez-de-chaussée et l’institutrice au premier étage.

Une mairie-école est construite près de l’église en 1842, avec la classe de garçons au rez-de-chaussée et le logement de l’instituteur au premier, voisinant avec la mairie.

On ouvre en 1868 un asile - ancêtre de l’école maternelle - au fond du jardin de l’école des filles. Cette salle devient en 1888 école des filles et classe enfantine. La direction de cet établissement est confiée à des religieuses.

Une école neuve pour les garçons est décidée en 1877 et achevée en 1881. Elle coïncide avec la loi Jules Ferry qui rend l’école laïque, gratuite et obligatoire. On crée alors un poste d’instituteur-adjoint. L’école des filles devient pensionnat Notre-Dame du Calvaire, toujours sous la direction de religieuses, jusqu’en 1887, date à laquelle elles sont remplacées par trois institutrices laïques, dont une pour l’asile, devenue classe enfantine. Les sœurs ouvrent de leur côté une institution privée dans la commune, ce qui réduit à deux le nombre d’institutrices laïques. L’école privée, comprenant quatre classes, fonctionnera jusqu’en 1904, au moment de la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Le relais sera repris par l’Institution Jeanne d’Arc, toujours en activité.

En 1909, la mairie-école est agrandie de salles sur l’arrière. Elle accueille alors la classe enfantine, ce qui libère de la place dans l’école des filles. Une nouvelle école de garçons, de quatre classes, commencée en 1913, n’ouvre ses portes qu’en 1920, à cause de la guerre. Les locaux de la mairie-école ainsi libérés sont occupés par une partie de l’école des filles, qui cohabite désormais avec l’école maternelle. L’ancienne cour des garçons sert aux filles et les petits jouent à côté, mais chaque école a sa porte.

Par la suite, avec l’augmentation de la population, la commune devra construire de plus en plus de classes, jusqu’au dispositif actuel, qui comprend un ensemble diversifié d’établissements scolaires/


Les équipements publics

En 1826, la plupart des chemins s’élargissent et sont portés généralement à 10 mètres. Mais l’essentiel des maisons reste groupé de part et d’autre du Grand chemin de Pontoise, où l’on installe 6 lanternes à huile en 1832. Le grand axe perpendiculaire que constitue le boulevard de la Mairie (aujourd’hui Maurice Berteaux) est construit en deux temps : 1869 et 1890. Peu avant la Première guerre mondiale, de grands travaux de pavage sont entrepris. On aménage les trottoirs et l’on songe à équiper la ville des premiers égouts et de l’eau courante.


Les fontaines

Au XIXe siècle, Franconville, bien pourvue en sources et en puits, possède assez d’eau pour les besoins de ses 1 300 habitants et de leurs bêtes, ainsi que pour les bassins des parcs des grandes propriétés (château du comte d’Albon, de Cadet de Vaux, maison Suger, etc.).

L’eau est collectée au flanc de la colline par une canalisation principale, dont l’écoulement est surveillé grâce à des regards, qui sont de petites constructions en pierre et en brique. Un quadruple réservoir, bâti en 1891, améliore la distribution aux bornes-fontaines publiques, réparties dans le village. Deux lavoirs et au moins trois abreuvoirs sont mis à la disposition des villageois.

Mais, en 1904, le nouveau quartier de la gare se construit, et la population augmente. La Compagnie générale des eaux établit alors un réseau apportant l’eau de l’Oise à la commune et chez les particuliers72.


Les briqueteries

Les argiles sont utilisées depuis l’Antiquité pour la fabrication des poteries, briques et tuiles. L’argile verte était exploitée à la sortie de la ville, où l’on peut encore voir les bâtiments de l’ancienne briqueterie, le long de la RN 14 dans la zone industrielle de Franconville.

En 1865, Pierre Lehéricy demande l’autorisation d’établir une briqueterie au lieu-dit la Voie-de-Fécamp, mais le sous-préfet questionne le maire au sujet de l’appartenance des bois, dans un rayon de 1000 m (200 parcelles concernées d’après le maire).

Le 5 avril 1904, Adrien Callet demande l’autorisation d’établir une briqueterie flamande avec fours en plein air, sur son terrain, au lieu-dit les Montfrais, près du chemin de l’Ermitage. Deux fours carrés de 10 m de côté et deux abris (séchoirs) de 30 m x 4 m et d’une hauteur de 3 m sont indiqués sur les plans ; le sous-préfet donne un avis favorable le 3 avril 1905, mais le préfet ne visera positivement le dossier que le 3 novembre 190573.

Alfred Censier s’associe à Albert Jacquin, pour fonder une briqueterie en 1913. La société sera dissoute en 1937. Elle sera reprise par la Société des briques, tuiles et céramiques de Franconville. En 1940, les ouvriers sont au nombre de 80, plus 10 rouleuses, femmes portant les briques sur des brouettes au séchoir. Sa cheminée, haute de 50 mètres, la plus haute de la région a été démolie. Les carrières d’où l’on extrayait l’argile et le sable, rue du Chemin Neuf, ont été remblayées. En 1954, cette industrie est totalement abandonnée74.

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1 Il s’en est fallu de peu que Franconville se fasse enlever 73 arpents de terres et de bois revendiqués par la commune de Cormeilles-en-Parisis dans le quartier Saint-Marc, du fait que pendant tout l’Ancien Régime, le domaine de la maladrerie a souvent porté le nom de Cormeilles. Le procès entre les deux communes a duré de 1791 à 1820 et Franconville a pu prouver que ce territoire lui appartenait bien. Ce conflit, ajouté à celui du détournement du ru (cf. ci-après) a été la source d’une opposition très vive entre les habitants des deux villages.

2 Complètement abandonnée au Moyen-Âge et sous l’ancien Régime.

3 Elle a été observée sous la forme de cailloux et de pierres agglutinés par un épais et solide mortier. Dutilleux (A.), Recherches sur les routes anciennes dans le département de Seine et Oise, 1881, p. 506.

4 Cf. notre article : « La préhistoire en vallée de Montmorency ».

5 Bertin (H.), et al. En passant par…Franconville-la-Garenne, Association « En passant par Franconville », imp. Maury, 1986, p. 21-23, 1 pl. p.22.

6 Ducoeur (D. et G.), et al. La préhistoire en Parisis, in Ermont au fil du temps, Valhermeil, Ermont, 1994, p. 18.

7 Une villa gallo-romaine, à l’origine, est un ensemble de bâtiments formant un quadrilatère. En secteur rural, il s’agit d’une grosse ferme. Après le Bas-Empire, le terme villa désignera un ensemble groupé de constructions, un hameau, qui donnera le villagium (proto-village) au haut Moyen Âge.

8 Le royaume franc, à proprement parler, couvre la période 486-751, mais des peuplements spécifiquement francs ont pu se perpétuer au-delà.

9 Vaquier (A.), Le marquisat de Franconville, in Mémoires SHAP VOV, t. 64, 1972, p. 79-102.

Vaquier (A.), Du nom de Franconville-la-Garenne, in Mémoires SHAP VOV, t. 59, 1965, p. 106-113. Il s’agit du site du château de Franconville-aux-Bois à St-Martin-du-Tertre, qui demeure source de confusion pour les historiens (surtout pour l’étude de la seigneurie et des familles de ces deux Franconville).

10 Qu’il suffise de rappeler les terribles orages qui, du 27 juillet au 3 août 1971, ont dévasté le Val d’Oise et en particulier Franconville, où les égouts, saturés, ont reflué de toutes parts, ont inondé les caves, les sous-sols et même des rez-de-chaussée dans des quartiers névralgiques.

11 Denis (M.-Z.-J.), Situation géographique de la commune, in Monographie de l’instituteur 1900, 1899, f° 3.

12 Ibidem.

13 Cf. notre article : « Les premiers seigneurs de Montmorency ».

14 Cf. notre article : « Le rôle social et économique des institutions religieuses dans la châtellenie de Montmorency ».

15 En 1137.

16 Lebeuf (abbé J.), Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris, Paris, t. 2, 1758, ré-éd. 1883, in 8°, p. 47.

17 Brigitte Bedos, La Châtellenie de Montmorency des origines à 1368, Aspects féodaux, sociaux et économiques, SHAPVOV, 1980, p. 176.

18 Le rotagium (du latin rota, roue), au Moyen-Âge, est une taxe sur les voitures perçue à titre d’indemnité du dommage que les roues causent aux chemins.

19 Lebeuf (abbé J.), op. cit., p. 48.

20 Vaquier (A.), Si Franconville m’était conté, in Bull. SHAP VOV, n° 23, 1977, p. 12.

Vaquier (A.), Franconville en cartes postales anciennes, Bibliothèque Européenne, Zaltbommel (Pays-Bas), Dif. SFL, Paris, 1975, cave du XIVe siècle, pl. 30.

21 Texte extrait du rapport d’intervention archéologique et des relevés menés en 1967 par Gérard Ducoeur.

22 Vaquier (A.), op. cit., p. 13.

Vaquier (A.), Franconville en cartes postales anciennes, op. cit., ancienne église sainte Madeleine-grange du XVe siècle, pl. 28.

23 Roblin (M.), Le terroir de Paris aux époques gallo-romaine et franque, Picard, Paris, 1971, p. 242-243.

Cf. notre article : « La fontaine saint Flaive et l’Ermitage à Sannois – Les reliques de saint Flaive à Ermont ».

24 Cf. notre article : « La nécropole mérovingienne et l’église carolingienne d’Ermont ».

25 Lebeuf (abbé J.), Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris, Paris, t. 2, 1758, ré-éd. 1883, in 8°, p. 45-50.

26 Texte extrait du rapport de prospection-inventaire et des relevés menés en 1969 par Gérard Ducoeur.

27 Feuilles d’eau : simples, sans découpures ni dentelures, telles que les feuilles de nénuphar, de renoncule d’eau, etc.

28 Malnoue (Seine-et-Marne), Abbaye de bénédictines fondée en 1129 par les moniales d’Argenteuil.

29 Gauthier Ier, maréchal de Saint-Denis, appartient à une branche des Montmorency connue sous le nom de Montmorency-Saint-Denis. Cf. Estournet (G.), Les Montmorency-Saint-Denis, lignage des Foucauld, SHAP VOV, Pontoise, 1925, in-8°, p. 22.

30 Baduel (D.), Saint-Martin-du-Tertre, un village, une histoire, S.I. de Saint-Martin-du-Tertre et JPGF, 2000, p. 156-157. L’auteur souligne que « la découverte de nouveaux documents permettra peut-être d’avancer que Raoul de Franconville était seigneur d’un ou des deux Franconville ».

31 Son implantation recouvre l’espace compris entre la rue de Cormeilles, la rue du Général Leclerc, la ruelle Jean-le-Blond et le chemin des Rommes.

32 Jeanne se remariera, après la mort de Guillaume III, à Guy d’Herblay.

33 La Jacquerie ou Grande Jacquerie est un soulèvement paysan survenu en 1358 dans les campagnes d'Île-de-France, de Picardie, de Champagne, d'Artois et de Normandie, lors de la Guerre de Cent Ans.

34 Bedos (B), op. cit., p. 178.

35 Charles Lefeuve, op. cit., p. 392.

36 Le Grand (L.), Les Maisons-Dieu et léproseries du diocèse de Paris au milieu du XIVe siècle, d’après le registre de visites du délégué de l’évêque (1351-1369), in Mémoires de la Société de l’histoire de Paris et de l’Ile de France, t. 24, 1897, p. 170-173 (Franconville). Cité par Brigitte Bedos, op. cit., p. 44.

Touati (F.-O.), Archives de la lèpre. Atlas des léproseries entre Loire et Marne au Moyen Âge, CTHS, 1996, p. 305-324.

37 Ibidem.

38 Sivry (L. de), Champagnac (J.-B. J.), Dictionnaire géographique, historique, descriptif, archéologique des pèlerinages anciens et modernes et des lieux de dévotion les plus célèbres de l'univers, vol 1, chez l’éditeur, 1850, p. 1035.

39 Cette fontaine Saint-Marc a été détruite lors de l’aménagement de l’actuelle autoroute A 15, vers 1962, ainsi que l’ancien cimetière de la léproserie.

40 Vaquier (A.), Le droit pour Franconville-la-Garenne à un lit à l’hôpital d’Argenteuil, Persan-Beaumont, 1961, 8 p.

41 Lebeuf (abbé J.), op. cit., p. 48.

42 André Vaquier, Un philanthrope méconnu, Cadet de Vaux (1743-1828), augmenté d’un Appendice sur quelques idées originales de Cadet de Vaux, in Mémoires de la Fédération des sociétés historiques de Paris et d’Île-de-France, t. 9, 1957-1958, p. 402.

43 Ce paragraphe est tiré en partie de Bertin (H.) (sous la dir.), En passant par Franconville-la-Garenne, Franconville, Association « En passant par Franconville », 1986, p. 119-121.

Vaquier (A.), Les jardins du comte d’Albon à Franconville-la-Garenne, in Mémoires de la Fédération des sociétés historiques de Paris et d’Île-de-France, t. 8, 1956, p. 237-297.

44 Monographie de l’Instituteur, chapitre Le château du comte d’Albon, 2ème feuillet.

45 Ce paragraphe est tiré de l’article d’André Vaquier, Notes sur la poste à Franconville, in Bulletin semestriel nouvelle série n° 14 de la Société historique et archéologique de Pontoise, du Val d’Oise et du Vexin, 1969, pp. 19-28.

46 Lebeuf (abbé J.) : op. cit., t. 2, p. 45-50.

47 Dupâquier (J.), (sous la dir.), Paroisses et Communes de France, Dictionnaire d’histoire administrative et démographique, Région Parisienne, éd. CNRS, Paris, 1974, p. 500.

48 Le canton de Taverny comprend à ce moment dix paroisses : Franconville, Pierrelaye, Bessancourt, Bethemont, Chauvry, Frépillon, Taverny, Saint-Prix, Ermont et Le Plessis-Bouchard.

49 Vaquier (A.), La Société populaire de Franconville-la-Garenne (1793-1795), in Mémoires SHAP VOV, t. 60, 1967, 30 p.

50 Lachiver (M.), Vin, vigne et vignerons en région parisienne du XVIIe au XIXe siècle, SHAP VOV, 1982, p. 831 et 835.

Arzalier (F.), Du berceau à la tombe, in Des villages dans l’histoire, vallée de Montmorency (1750 à 1914), éd. Pr.Univ. Septentrion , Lille, 1996, 340 p., p. 30.

51 Témoignage d’un viticulteur d’Argenteuil in Joseph Nicolas Barbier Vermars, R. O’Reilly, Annales des arts et manufactures : ou mémoires technologiques sur les découvertes modernes concernant les arts, les manufactures, l'agriculture et le commerce, Volume 36, Impr. des Annales, 1810, pp. 24-29.

52 Cf. notre article : « Cadet-de-Vaux viticulteur et défenseur du vignoble valmorencéen ».

53 Joseph Nicolas Barbier Vermars, R. O’Reilly, ibidem.

54 Auguste Wahlen, Nouveau dictionnaire de la conversation, 1785-1850, Paris, Librairie-Historique-Artistique, 1841, p. 283.

55 Monographie de l’instituteur, 1899, chapitre Situation géographique de la commune, f°4 et 5.

56 Eugène Guinot, De Paris à Boulogne, à Calais et à Dukerque, 1855, p. 30.

57 Bertin (H.), Franconville-la-Garenne, in Le Patrimoine des Communes du Val d’Oise, éd. Flohic, 1999, p. 283.

58 Idem, p. 280.

59 Vaquier (A.), Une demeure en péril à Franconville-la-Garenne, (le château Cadet de Vaux), s. l. n.d., 4 p.

60 Collectif, La légende du XXe siècle, ville de Franconville, 2001, s. p.

61 Y compris des documents provenant des archives municipales, et même un chapiteau de l’ancienne église Sainte-Madeleine du XIIIe siècle qui étaient présentés dans ce musée.

62 Collectif, Les arbres remarquables du Val d’Oise, Ed. Dakota, CGVO, 2005, p. 138-141.

63 Bertin (H.), op. cit., p. 281.

64 Cf. Bertin (H.), op. cit., photo de l’orangerie avec les serres p. 110.

65 Cf. Bertin (H.), op. cit., encadré sur la glacière p. 103.

66 Bertin (H.), op. cit., p. 285.

67 Bastard (J.), Delaplace (J.), Montlignon d’hier et d’aujourd’hui, Valhermeil, 2009, p. 14-15.

Cf. notre article : « Les maladreries, les léproseries, les hôtels-Dieu en vallée de Montmorency ».

68 Bertin (H.), op. cit., p. 280.

69 Grenier (D.), Franconville-La maladrerie Saint-Ladre-La chapelle Saint-Marc- Rapport de prospection-inventaire, DRAC, SRA IDF, 2004, 29 p., ill. documents et plans, 12 photographies.

70 Cette résistance se marque en 1848, lors des journées révolutionnaires, par le saccage de toutes les gares de la ligne Paris-Pontoise, par des éléments venus d’ailleurs, mais aussi par des agriculteurs de la région, mécontents des effets pernicieux de l’implantation ferroviaire.

71 Cf. Sur les projets de cimetière et de chemin de fer municipal ou mortuaire (signé : Chenel, maire de Franconville). Paris, impr. Renou et Maulde, 1867, in-8°.

72 Bertin (H.), op. cit., p. 284.

73 Baduel (D.), Briqueteries et tuileries disparues du Val d’Oise, Saint-Martin-du-Tertre, S. I., 2002, p. 118-119.

Cf. notre article  « Les carrières à plâtre, briquetiers et tuiliers en vallée de Montmorency ».

74 Baduel (D.), op. cit. , p. 266.

Bertin (H.) (sous la dir.), En passant par Franconville-la-Garenne, op. cit., p. 214.